Killian Auberson
«J’ai tout perdu, tout ce que j’avais construit» / «Ich habe alles verloren, alles, was ich aufgebaut habe»
Le 16 juin 2020, Salt Lake City, Utah. En plein entraînement, sa moto s’arrête d’un coup, le corps bascule, et la vie de Killian Auberson avec. Le pilote d’Épautheyres s’épanouissait dans le championnat de supercross américain. Il y menait sa vie de rêve. Il livre désormais son combat pour remarcher.
16. Juni 2020, Salt Lake City, Utah. Mitten im Training bleibt sein Motorrad plötzlich stehen, sein Körper kippt um, und damit auch das Leben von Killian Auberson. Der Fahrer von Epautheyres blühte in der amerikanischen Supercross-Meisterschaft auf. Dort führte er sein Traumleben. Jetzt kämpft er seinen Kampf, wieder laufen zu können.
«J’ai tout perdu, tout ce que j’avais construit»
«Ich habe alles verloren, alles, was ich aufgebaut habe»
Le pilote Killian Auberson avait pour habitude de s’exprimer sur sa moto plus que par des grands discours. La douleur, la solitude, les moments les plus durs, mais aussi les perspectives et l’espoir: devant son nouveau combat, celui de sa vie, celui pour remarcher, l’homme n’élude aucun sujet.
Fahrer Killian Auberson drückte sich früher mehr auf seinem Motorrad aus als mit großen Reden. Schmerz, Einsamkeit, die härtesten Momente, aber auch Aussichten und Hoffnung: Vor seinem neuen Kampf, dem seines Lebens und dem wieder zu Fuß zu gehen, weicht der Mann keinem Thema aus.
Killian Auberson, avez-vous des souvenirs de votre accident?
Je me souviens de chaque seconde. J’ai eu un problème mécanique sur un saut, du coup je suis parti en avant, et je suis arrivé la tête la première dans le saut suivant. Je me suis retrouvé par terre, à plat ventre. Au début, j’ai pensé «nickel, je n’ai rien», car je n’avais pas de douleur. Mais au moment où j’ai voulu me relever, rien ne fonctionnait. Je sentais juste mes bras, plus rien d’autre. J’ai vite compris ce que c’était.
Killian Auberson, können Sie sich an Ihre Verletzung erinnern?
Ich erinnere mich an jede Sekunde davon. Ich hatte bei einem Sprung ein mechanisches Problem, also ging ich über den Lenker und landete im nächsten Absung mit dem Kopf voran. Ich lag mit dem Bauch auf dem Boden. Zuerst dachte ich: "Super, ich habe nichts", denn ich hatte keine Schmerzen. Aber als ich versuchte, wieder aufzustehen, funktionierte nichts. Ich fühlte nur meine Arme, sonst nichts. Ich merkte sofort, was passiert war.
À cet instant, comment réagissez-vous?
Je connais un peu le verdict. Dans la moto, c’est quand même assez courant. J’ai assez d’amis qui ont eu ça… Un autre pilote s’est tout de suite arrêté. Je lui ai dit que je ne sentais plus mes jambes, et les secours ont été directement appelés. Personne ne m’a touché et ils ont immédiatement appelé un hélico. J’ai vraiment bien été pris en charge, ils ont vraiment fait attention à tout.
Wie reagierten Sie in diesem Moment?
Ich weiß ein wenig über diese Verletzungen. Im Motorradsport ist es immer noch ziemlich verbreitet. Ich habe genug Freunde, die das erlebt haben... Ein anderer Fahrer hat sofort angehalten. Ich sagte ihm, dass ich meine Beine nicht mehr spüren kann. Die Sanitäter wurden sofort gerufen. Niemand berührte mich, und sie riefen sofort einen Hubschrauber. Man hat sich wirklich gut um mich gekümmert, sie haben sich wirklich alles gut organisiert.
Et une fois à l’hôpital?
On m’a fait un scanner et tout ça, et j’ai été opéré dans la foulée. Je me rappelle plus trop, car j’ai directement été sous perfusion. Je me rappelle qu’on m’a expliqué ce que j’avais et j’ai juste pu appeler ma femme avant l’opération.
Und als Sie im Krankenhaus angekommen sind?
Ich hatte ein CAT-Scan und all das, und ich wurde sofort operiert. Ich erinnere mich nicht mehr an viel, weil ich sofort an einen Tropf angeschlossen wurde. Ich erinnere mich, dass man mir erklärt hat, was ich hatte, und dass ich vor der Operation einfach meine Frau anrufen konnte.
La panne mécanique dont vous avez parlé, de quoi s’agissait-il?
C’est la bielle qui a cassé. Un problème que j’avais déjà eu plusieurs fois sur mes motos par le passé. Ça peut arriver à tout moment. La moto s’arrête et, avec la perte d’inertie, tu pars en avant, tu ne peux rien faire. Moi, c’était sur un petit saut, donc je ne m’y attendais pas du tout. La roue avant n’a pas passé le saut et je suis parti en avant dans celui d’après.
Was war das mechanische Problem, das Sie erwähnten?
Es war die Pleuelstange, die gebrochen ist. Ein Problem, das ich in der Vergangenheit schon mehrmals an meinen Motorrädern hatte. Es konnte jederzeit passieren. Das Motorrad bleibt stehen, und mit dem Verlust der Rotation am Hinterrad senkt sich die Front des Motorrads sofort ab, man kann nichts mehr tun. Für mich war es auf einem kleinen Sprung, also habe ich damit überhaupt nicht gerechnet. Ich kam bei diesem Doppel-Sprung zu kurz, und landete Kopf voraus im nächsten Absprung.
Qui était présent lors de l’accident?
Il y avait pas mal de pilotes, dont un autre de mon team, et aussi ma femme.
Wer war zum Zeitpunkt des Unfalls anwesend?
Es waren ziemlich viele Fahrer anwesend, darunter ein weiterer Fahrer aus meinem Team und auch meine Frau.
Avez-vous craint pour votre vie?
Non, mais les premiers jours étaient vraiment horribles. À ce moment-là, je pense que j’aurais préféré mourir. J’avais l’impression d’être emprisonné dans mon corps.
Haben Sie um Ihr Leben gefürchtet?
Nein, aber die ersten Tage waren wirklich schrecklich. Damals wäre ich, glaube ich, am liebsten gestorben. Ich hatte das Gefühl, in meinem Körper gefangen zu sein.
«Les premiers jours, je pense que j’aurais préféré mourir. J’avais l’impression d’être emprisonné dans mon corps.»
«In den ersten Tagen wäre ich, glaube ich, am liebsten gestorben. Ich hatte das Gefühl, in meinem Körper gefangen zu sein.»
Comment se sont déroulés les jours suivant l’opération?
J’ai passé quatre jours aux soins intensifs. Pendant une semaine, je n’ai rien fait, je suis resté au lit. Dès qu’on me mettait assis, je tombais dans les pommes. On m’a ensuite transféré au centre de rééducation associé à l’hôpital, toujours à Salt Lake City. J’y ai passé un mois. J’ai tout appris rapidement pour être autonome. Je déteste les hôpitaux, et je voulais pouvoir rentrer chez moi.
Was geschah in den Tagen nach der Operation?
Ich verbrachte vier Tage auf der Intensivstation. Eine Woche lang tat ich nichts, ich blieb im Bett. Sobald man mich auf einen Stuhl setzte, wurde ich ohnmächtig. Ich wurde dann in das mit dem Krankenhaus verbundene Rehabilitationszentrum, wiederum in Salt Lake City, verlegt. Dort war ich einen Monat lang. Ich lernte dort alles, was ich brauchte, um schnell unabhängig zu werden. Ich hasse Krankenhäuser, und ich wollte nach Hause gehen können.
Quand vous dites «tout», c’est quoi que vous avez appris?
Tu dois apprendre à te transférer, de ton lit à ta chaise, de ta chaise à d’autres endroits comme le canapé. J’ai dû apprendre à me transférer dans un siège d’avion, car j’allais prendre un vol pour rentrer. Ils t’apprennent à faire tes soins aussi, à te doucher et tout ça. C’est beaucoup plus compliqué que pour quelqu’un de normal. Habituellement, c’est un processus qui prend du temps. Je crois entre trois et six mois minimum en Suisse, et moi j’ai réussi à tout apprendre en un mois. Le fait d’être sportif a beaucoup aidé. Mon corps était plus apte à bouger, du coup ça a été super vite.
Wenn Sie "alles" sagen, was haben Sie gelernt?
Sie müssen lernen, sich selbst zu bewegen, von Bett auf den Stuhl, von Stuhl auf andere Orte wie das Sofa. Ich musste lernen, wie man sich in einen Flugzeugsitz setzt, weil ich einen Flug nach Hause nehmen wollte. Dort lernt man auch, wie man seine Körperpflege durchführt, wie man duscht und all das. Es ist viel komplizierter als für einen normalen Menschen. Normalerweise ist es ein Prozess, der Zeit braucht. Ich denke, zwischen drei und sechs Monaten Minimum in der Schweiz, und ich habe es geschafft, alles in einem Monat zu lernen. Ein Sportler zu sein hat mir sehr geholfen. Mein Körper war besser in der Lage, sich zu bewegen, also ging es superschnell.
À ce moment-là, qui y avait-il autour de vous?
Personne, parce qu’avec le coronavirus, je devais être seul. Les visiteurs n’étaient pas autorisés. Au début, la première semaine, ils ont quand même laissé venir ma femme, j’ai ensuite passé trois semaines tout seul, puis elle a pu revenir les deux dernières semaines. Elle devait aussi apprendre certaines choses pour m’aider.
Wer war zu dieser Zeit um Sie herum anwesend?
Niemand, denn mit dem Coronavirus musste ich allein sein. Besucher waren nicht erlaubt. Am Anfang, in der ersten Woche, ließ man meine Frau noch kommen, dann war ich drei Wochen allein, dann konnte sie die letzten zwei Wochen wieder kommen. Sie musste auch gewisse Dinge lernen, um mir zu helfen.
Ensuite, vous prenez la direction de votre maison en Californie…
Je devais aller dans un centre spécialisé pour remarcher, sauf qu’au moment où je suis arrivé, il a dû fermer à cause du Covid. Du coup, je me suis retrouvé un peu coincé à la maison. Je ne pouvais pas rentrer en Suisse, car il n’était pas possible de me rapatrier non plus. Au début, je devais l’être par avion médical, mais ce n’était pas possible, car les médecins suisses n’avaient pas le droit de venir sur le sol américain. Alors je suis allé en Californie. Je me suis fait un peu une salle, on va dire, dans mon garage pour m’entraîner un peu, pour bouger quoi.
Dann steuerten Sie Ihr Haus in Kalifornien an.
Ich musste zu einem spezialisierten Zentrum gehen, um wieder zu Fuß gehen zu können, aber als ich dort ankam, musste es wegen Covid schließen. Also blieb ich zu Hause Kalifornien ein bisschen stecken. Ich konnte nicht in die Schweiz zurückkehren. Zuerst sollte ich mit einem medizinischen Flugzeug in die Schweiz gebracht werden, aber das war nicht möglich, weil Schweizer Ärzte nicht auf amerikanischen Boden kommen durften. Also ging ich nach Kalifornien. Ich machte mir in meiner Garage ein kleines Trainingszimmer, um ein bisschen zu trainieren, um mich ein bisschen zu bewegen.
Sans le moindre accompagnant?
Non, juste ma femme.
Ohne jemanden an Ihrer Seite?
Nein, nur meine Frau.
C’est rude quand même!
C’était assez compliqué, oui. Ça a duré un mois comme ça. Ensuite, j’ai pu me rendre dans un autre centre en Californie, mais ce n’était pas bien. On a alors décidé de rentrer. J’avais besoin de voir ma famille, mes amis. Ça devenait trop compliqué d’être seuls là-bas.
Aber es war trotzdem hart!
Es war ziemlich kompliziert, ja. So hat es einen Monat gedauert. Dann konnte ich in ein anderes Zentrum in Kalifornien gehen, aber es war nicht gut. Also beschlossen wir, zurück in die Schweiz zu kommen. Ich musste meine Familie sehen, meine Freunde. Es wurde zu kompliziert, um dort allein zu sein.
Comment vos proches ont-ils réagi à cet accident?
Pour mes parents, c’était évidemment un choc. C’était dur pour eux. Pour mon frère aussi, mais il s’est vite montré super positif, il a tout de suite réussi à accepter la chose. Mes amis aussi m’ont beaucoup soutenu. J’ai reçu énormément de messages, mais mes amis proches et ma famille m’écrivaient tous les jours pour me soutenir. Tous ont su être assez positifs.
Wie haben Ihre Familie und Freunde auf den Unfall reagiert?
Für meine Eltern war es offensichtlich ein Schock. Es war schwer für sie. Für meinen Bruder war es auch schwer, aber er war sehr positiv und hat es sofort akzeptiert. Meine Freunde haben mich auch sehr unterstützt. Ich erhielt viele Nachrichten, aber meine engen Freunde und meine Familie schrieben mir jeden Tag, um mich zu unterstützen. Sie waren alle sehr positiv.
C’était quelque chose d’important?
Comme je n’ai pas une lésion complète de la moelle épinière, ça veut dire que j’ai un espoir de récupérer. Et, dans ces cas-là, plus tu es positif, plus ton corps peut récupérer. Plus tu augmentes tes chances d’y arriver. C’est aussi pour ça que les médecins étaient assez positifs, et que mon entourage a réussi à l’être.
Waren diese Nachrichten sehr wichtig?
Da ich keine vollständige Rückenmarksverletzung habe, bedeutet das, dass ich eine Hoffnung auf Heilung habe. Und in diesen Fällen gilt: Je positiver Sie sind, desto mehr kann sich Ihr Körper erholen. Je positiver Sie sind, desto besser sind Ihre Chancen. Das ist auch der Grund, warum die Ärzte positiv waren, und warum die Menschen um mich herum positiv waren.
Et vous?
Ben, pfff, c’est quand même dur. Toute ta vie s’écroule. J’ai tout perdu, tout ce que j’avais construit ces dernières années. Y’a des moments où t’en as marre, et d’autres où ça peut aller. Les premières semaines au centre de Salt Lake City, ça allait, car je faisais pas mal de progrès, ça a été assez vite. Ce n’est pas agréable à vivre, mais je n’ai pas non plus été dans la dépression. J’ai vite appris le programme en place pour les paralysés et, la dernière semaine, ils ne savaient plus trop quoi me faire faire. Je ne sais pas comment on peut dire ça, mais c’était gratifiant.
Was ist mit Ihnen?
Nun, pfff, es ist immer noch schwer. Dein ganzes Leben fällt auseinander. Ich habe alles verloren, alles, was ich in den letzten Jahren aufgebaut habe. Es gibt Momente, in denen man es satt hat, und andere, in denen es weitergehen kann. Die ersten paar Wochen im Zentrum von Salt Lake City waren in Ordnung, denn ich machte große Fortschritte, es ging ziemlich schnell. Es ist keine angenehme Erfahrung, aber ich war auch nicht deprimiert. Ich lernte schnell das Programm für Menschen mit Lähmungen kennen, und in der letzten Woche wussten sie nicht mehr so recht, was sie mit mir machen sollten.
À votre retour en Suisse, pourquoi n’êtes-vous pas revenu chez vos parents à Épautheyres?
Je ne peux pas y habiter, la maison n’est pas adaptée. Il y a beaucoup d’escaliers, les salles de bains sont trop petites. C’est pour ça que j’ai dû venir ici, à Villars-le-Terroir, où tout avait été prévu pour que je m’installe directement.
Warum sind Sie nach Ihrer Rückkehr in die Schweiz nicht zu Ihren Eltern in die Epautheyres zurückgekehrt?
Ich kann dort nicht leben, das Haus ist nicht geeignet. Es gibt viele Treppen, die Badezimmer sind zu klein. Deshalb musste ich hierher kommen, nach Villars-le-Terroir, wo alles geplant war, damit ich mich sofort niederlassen konnte.
«Si je n’avais pas ma famille, je serais très seul.»
«Wenn ich meine Familie nicht hätte, wäre ich sehr einsam.»
Comment avez-vous trouvé ce logement?
C’est le meilleur ami de mon père, qui est aussi le propriétaire de la maison qu’on a aux États-Unis. Ils avaient cette maison qu’ils n’utilisaient pas, lui habite de l’autre côté du motel.
Wie haben Sie diese Unterkunft gefunden?
Es ist der beste Freund meines Vaters, der auch der Eigentümer des Hauses ist, das wir in den Vereinigten Staaten haben. Sie hatten dieses Haus, das sie nicht benutzt haben, er wohnt auf der anderen Seite des Motels.
Aujourd’hui, qui vous entoure?
Beaucoup ma famille. Ma femme est partie, mais on est toujours en contact. Il y a aussi surtout mon meilleur ami, Tim Jaunin, et quelques autres copains qui passent de temps en temps, mais on se retrouve quand même assez vite seul. Si je n’avais pas ma famille, je serais très seul.
Wer ist heute an Ihrer Seite?
Ein Großteil meiner Familie. Meine Frau ist weg, aber wir sind noch in Kontakt. Mein bester Freund, Tim Jaunin, und ein paar andere Freunde kommen ab und zu vorbei, aber wir sind immer noch viel allein. Wenn ich meine Familie nicht hätte, wäre ich sehr einsam.
Vous êtes séparé de votre épouse?
C’est compliqué. Ça a vraiment été une période difficile. Lorsqu’on s’est retrouvés seuls en Californie, je n’étais pas facile à vivre, souvent de mauvaise humeur. C’est tout elle qui se prenait sur la tête, c’était dur. Elle a eu besoin de respirer un peu. Normalement, elle va bientôt revenir. Comme je vais mieux, j’espère que ça va mieux se passer aussi.
Sind Sie von Ihrer Frau getrennt?
Das ist kompliziert. Es war eine wirklich schwierige Zeit. Als wir allein in Kalifornien waren, war es nicht einfach mit mir zu leben, oft hatte ich schlechte Laune. Sie war ganz durcheinander, es war hart. Sie musste ein wenig aufatmen. Normalerweise kommt sie bald zurück, da es mir langsam besser geht. Ich hoffe, dass es besser wird.
Comment vous en sortez-vous dans votre habitation?
Je me débrouille tout seul. J’ai juste une femme de ménage. Je n’ai pas besoin d’aide à domicile, je sais tout faire seul. J’ai tout ce qu’il faut, pour la douche, aux toilettes. Je me débrouille bien, alors je ne vois pas l’utilité d’avoir une aide extérieure.
Wie geht es Ihnen zu Hause?
Mir geht es auch alleine gut. Ich habe nur eine Putzfrau. Ich brauche keine Haushaltshilfe, ich kann alles alleine machen. Ich habe alles, was ich brauche, für die Dusche, für die Toilette. Es geht mir gut, ich sehe keine Notwendigkeit für Hilfe von außen.
Les gens viennent vous voir?
Tous les mardis soir, j’ai mon frère Kevin qui vient manger avec sa famille. En semaine, à part ma famille, il n’y a pas grand monde qui passe.
Kommen die Leute Sie besuchen?
Jeden Dienstagabend kommt mein Bruder Kevin mit seiner Familie zum Abendessen. Während der Woche kommen außer meiner Familie nicht viele Leute vorbei.
Vous vous rendez trois fois par semaine au Max Régénération Center à Bullet de Benoît Thévenaz pour votre thérapie. Y avait-il d’autres options?
Les assurances auraient voulu que j’aille à la SUVA, à Sion, ou à Nottwil. Là où vont normalement les gens après un accident comme le mien. Moi, ça ne me servait à rien de m’y rendre, parce qu’ils t’apprennent à vivre en étant paralysé, et moi je l’ai déjà fait aux États-Unis en un mois. Dans les centres comme ça, en Suisse, on ne va pas te pousser à remarcher. Ça ne m’intéressait pas du tout, alors que chez Benoît, c’est vraiment spécialisé pour faire évoluer ton corps. Voilà pourquoi je voulais y aller.
Sie gehen dreimal pro Woche ins Max-Regenerations-Zentrum in Bullet von Benoît Thévenaz zu Ihrer Therapie. Gab es andere Möglichkeiten?
Die Versicherer hätten gewollt, dass ich zur SUVA, nach Sion oder Nottwil gehe. Dahin geht man normalerweise nach einem Unfall wie meinem. Ich brauchte nicht dorthin zu gehen, weil man dort lernt, wie man mit einer Lähmung leben kann, und ich habe es in den USA bereits in einem Monat gelernt. In Zentren wie diesem in der Schweiz, wird man nicht wieder zum Laufen gebracht. Das hat mich überhaupt nicht interessiert, während es bei Benoît wirklich darauf spezialisiert ist, den Körper sich entwickeln zu lassen. Deshalb wollte ich dorthin gehen.
Vous espérez toujours marcher un jour?
Marcher, je ne sais pas, mais récupérer le plus possible. Je suis paralysé depuis là (ndlr: il montre le haut de sa poitrine), mais je peux récupérer des abdos, et j’ai déjà récupéré des muscles dans le dos. Plus tu récupères et plus c’est facile à vivre. Le but, c’est vraiment de faire le maximum.
Hoffen Sie immer noch, eines Tages laufen zu können?
Zu Fuß gehen, ich weiß nicht, aber sich so weit wie möglich erholen. Ich bin von dort aus gelähmt (Anmerkung der Redaktion: er zeigt auf den oberen Brustkorb), aber ich kann mich von den Bauchmuskeln an erholen, und ich habe bereits einige Muskeln in meinem Rücken zurückgewonnen. Je mehr Sie sich erholen, desto leichter ist es. Das Ziel ist es wirklich, das Maximum zu erreichen.
Vous avez des douleurs?
Oui, j’en ai beaucoup au dos. On a enfin trouvé le problème. On m’a mal opéré aux États-Unis. En fait, ma vertèbre s’est écrasée et est partie en miettes. Ils auraient dû faire une greffe ou la remplacer. Ça fait cinq mois que j’ai super mal au dos, parce que l’os n’arrive pas à se réparer, et ça force sur tout le matériel qui m’a été mis. Ça force tellement qu’il est en train de sortir.
Haben Sie Schmerzen?
Ja, ich habe starke Schmerzen im Rücken. Wir haben das Problem endlich gefunden. Ich hatte in den Vereinigten Staaten eine schwere Operation. Tatsächlich sind meine Wirbel gebrochen und in Stücke zerfetzt worden. Sie hätten ein Transplantat einsetzen müssen. Ich hatte in den letzten fünf Monaten starke Schmerzen im Rücken, weil der Knochen sich nicht selbst reparieren kann und durch das ganze Material, das mir eingesetzt wurde. Es wird arauf herauslaufen, dass das Material entfernt werden muss.
Vous allez devoir être réopéré?
Oui, ce sera au CHUV normalement. Ils vont devoir tout refaire de A à Z.
Werden Sie wieder operiert werden müssen?
Ja, normalerweise wird das im CHUV geschehen. Sie werden alles von A bis Z neu machen müssen.
Ça vous angoisse un peu?
Au contraire, car c’est vraiment invivable. Je dois passer la plupart de mes journées couché. En étant assis, j’ai super mal au dos, c’est l’horreur. Si ça me permet de me sentir mieux, il faut vraiment faire cette opération. C’est clair qu’il y a un risque, vu qu’ils doivent tout refaire. J’espère que tout ira bien.
Sind Sie ein bisschen besorgt darüber?
Im Gegenteil, denn es ist wirklich unerträglich. Ich muss die meisten meiner Tage im Bett verbringen. Wenn ich mich hinsetze, tut mein Rücken höllisch weh, es ist schrecklich. Wenn ich mich dadurch besser fühle, brauche ich diese Operation wirklich. Es ist klar, dass ein Risiko besteht, da sie alles noch einmal machen müssen. Ich hoffe, dass alles in Ordnung sein wird.
«Je ne me vois pas abandonner sans avoir donné mon maximum.»
«Ich kann mir nicht vorstellen, dass ich aufgebe, ohne mein Bestes getan zu haben.»
À quoi ressemble votre quotidien?
J’ai déjà beaucoup de peine à dormir, car j’ai beaucoup de spasmes, les jambes qui bougent. Les nuits, c’est assez compliqué. Parfois je fais des nuits blanches, je ne ferme pas l’œil, alors je dors un peu le matin. Le reste du temps, une fois réveillé, il me faut bien une demi-heure pour réussir à détendre mes jambes, car pendant la nuit, elles se crispent. Une fois que je me lève, je vais faire mes soins. Il faut compter une heure et demie – deux heures. Après, c’est déjà midi ou plus. J’ai créé une marque d’habits, du coup je gère les commandes, ce qui me prend pas mal de temps. Souvent, ensuite, je vais me coucher un moment, car j’ai mal au dos. Je me repose ou je fais des trucs sur mon ordi en étant allongé. Et quand je ne vais pas à Bullet, j’essaie de toujours faire un peu de sport ici.
Wie sieht Ihr Tagesablauf aus?
Es ist schwer genug zu schlafen, weil ich viele Krämpfe habe und meine Beine sich bewegen. Nachts ist es ziemlich kompliziert. Manchmal habe ich schlaflose Nächte, ich schließe meine Augen nicht, deshalb schlafe ich morgens ein wenig. In der übrigen Zeit, wenn ich einmal aufgewacht bin, brauche ich eine halbe Stunde, um meine Beine zu entspannen, weil sie in der Nacht angespannt werden. Sobald ich aufstehe, führe ich meine Behandlungen durch. Das dauert eineinhalb bis zwei Stunden. Danach ist es bereits Mittag oder später. Ich habe eine Kleidungsmarke geschaffen, also bin ich für die Bestellungen zuständig, was mich viel Zeit kostet. Oft gehe ich danach noch eine Weile ins Bett, weil mein Rücken schmerzt. Ich ruhe mich aus oder erledige Dinge an meinem Computer, während ich mich hinlege. Und wenn ich nicht nach Bullet gehe, versuche ich immer, hier ein bisschen Sport zu treiben.
Hormis la maison et le centre de Bullet, vous voyez quelque chose?
Rien, car j’ai si mal au dos que je ne peux même pas aller me promener et, en voiture, c’est là que je souffre le plus. Je ne peux rien faire.
Sehen Sie außer dem Haus und dem Bullet-Zentrum noch etwas anderes?
Nichts, denn mein Rücken tut mir so weh, dass ich nicht einmal spazieren gehen kann, und im Auto leide ich bis ich dort bin am meisten. Ich kann nichts dagegen tun.
Que reste-t-il de vos muscles des jambes?
L’avantage et le désavantage que j’ai, c’est d’avoir beaucoup de spasmes. Ça garde la musculature, ça la fait travailler. À vivre, c’est pénible, mais pour les muscles, c’est bien. Ça aide pour la récupération. Quand tu arrives à recontrôler un muscle, s’il n’a pas tout perdu, c’est plus simple pour le reconstruire.
Was ist noch von Ihren Beinmuskeln übrig?
Mein Vor- und Nachteil ist, dass ich sehr viele Krämpfe habe. Das hält die Muskeln an ihrem Platz und lässt sie arbeiten. Es ist schwer, damit zu leben, aber es ist gut für die Muskeln. Es hilft bei der Erholung. Wenn man es schafft, die Kontrolle über einen Muskel wiederzuerlangen, ist es einfacher ihn wieder aufzubauen.
Comment ça se passe à Bullet?
Bien, j’ai bien progressé depuis le début, il y a deux ou trois mois.
Wie laufen die Dinge im Bullet?
Gut, ich habe seit dem Anfang, vor zwei oder drei Monaten, gute Fortschritte gemacht.
Comment se mesurent ces progrès?
Maintenant, j’arrive à contrôler mon corps jusqu’aux hanches, à peu près. Y a des trucs qui fonctionnent et d’autres pas. Par exemple, j’ai récupéré beaucoup de muscles dans le dos, je commence aussi à récupérer les abdos. Je ne ressens pas les choses en-dessous, mais j’arrive à contrôler des muscles de mon bassin. Ça veut dire que quand je suis debout, j’arrive à tenir mon bassin. Normalement, quand tu es paralysé et que tu te mets debout, sans quelque chose qui te tient derrière, tes fesses repartent en arrière. Comme j’arrive à tenir ça, quand je marche en déambulateur, j’arrive à le faire sans ceinture pour me maintenir.
Wie wird dieser Fortschritt gemessen?
Jetzt kann ich meinen Körper bis etwa zur Hüfte kontrollieren. Manche Dinge funktionieren und manche nicht. Ich bin mir nicht sicher, wie viel Kontrolle ich habe. Zum Beispiel habe ich viele Muskeln in meinem Rücken zurückgewonnen, und ich beginne auch, meine Bauchmuskeln zurückzugewinnen. Ich spüre nichts unter mir, aber ich bin in der Lage, die Muskeln in meinem Becken zu kontrollieren. Das bedeutet, dass ich mein Becken halten kann wenn ich stehe. Wenn Sie gelähmt sind, können Sie normalerweise nicht aufstehen ohne das Ihr Becken nach hinten geht. Da ich das auch ohne Gürtel halten kann, wenn ich in einer Gehhilfe gehe bin ich zuversichtlich.
L’évolution paraît vraiment rapide!
Ils n’ont jamais vu quelqu’un qui progressait aussi vite.
Es scheint ein wirklich schneller Fortschritt zu sein!
Sie haben noch nie jemanden gesehen, der so schnell Fortschritte erzielt.
Ça fait du bien au moral?
Vraiment, oui. Car avec ces douleurs, la vie est un calvaire. J’ai pas trop de plaisir à vivre, alors ces progrès me poussent à tenir et à rester positif pour la suite.
Ist das gut für die Moral?
Das tut es wirklich. Denn mit diesen Schmerzen ist das Leben eine Tortur. Ich habe nicht allzu viel Freude am Leben, also drängt mich dieser Fortschritt dazu, durchzuhalten und für die Zukunft positiv zu bleiben.
Vous avez dit que vous auriez presque préféré mourir les premiers jours. Et à présent, avec le recul?
Il y a des semaines où c’est difficile. Quand tu fais des nuits blanches avec ces douleurs, tu te dis mais pourquoi vivre comme ça? Et d’autres où ça va. Ça dépend beaucoup du sommeil. Quand je ne dors pas, je fais des chutes de pression, la journée devient un calvaire, c’est interminable.
Sie sagten, Sie hätten sich in den ersten Tagen fast gewünscht, Sie wären gestorben. Und jetzt, rückblickend?
Es gibt Wochen, in denen es schwer ist. Wenn man mit diesen Schmerzen in der Nacht nicht schlafen kann, sagt man sich: Warum so leben? Es hängt viel vom Schlaf ab. Wenn ich nicht schlafe, sinkt mein Blutdruck und der Tag wird zu einer Tortur. Er nimmt kein Ende.
Qu’est-ce qui vous pousse à vous battre?
Le fait que je récupère. Je ne me vois pas abandonner sans avoir donné mon maximum. Et aussi pour ma famille. Ce serait égoïste de ma part de ne pas me battre. Je prends ça comme un challenge, celui d’essayer d’aller le plus loin possible.
Was bringt Sie zum Kämpfen?
Die Tatsache, dass ich mich erhole. Ich kann mir nicht vorstellen, dass ich aufgebe, ohne mein Bestes gegeben zu haben. Und auch für meine Familie. Es wäre egoistisch von mir, nicht zu kämpfen. Ich sehe es als Herausforderung an, zu versuchen, so weit wie möglich zu kommen.
Avez-vous accepté ce qui vous arrive?
Non. Quand tu fais tous les jours du sport et que tu te retrouves le lendemain à plus pouvoir rien faire… On en parle beaucoup à Bullet. C’est encore plus dur à accepter pour un sportif que pour une personne normale. Après, j’accepte que c’est arrivé. Je connaissais les risques. Mais accepter réellement, je ne pense pas que ce soit possible.
Haben Sie akzeptiert, was mit Ihnen geschieht?
Nein. Wenn man jeden Tag Sport treibt und am nächsten Tag nichts tun kann... Wir sprechen in Bullet viel darüber. Für einen Sportler ist es noch schwieriger zu akzeptieren als für einen normalen Menschen. Aber ich akzeptiere, dass der Unfall passiert ist. Ich kannte die Risiken. Aber wirklich zu akzeptieren, das ich nie wieder laufen werde, halte ich nicht für möglich.
Quand vous vous retrouvez devant le miroir, comment réagissez-vous?
C’est un des trucs avec lesquels j’ai eu le plus de peine au début. J’ai toujours eu un corps de sportif, et là de voir qu’il change… Tu perds des muscles, l’estomac se détend, t’as l’impression d’avoir un gros ventre. Maintenant, ça va mieux, mais je ne passerais pas des heures à me regarder devant la glace.
Wie reagieren Sie, wenn Sie vor dem Spiegel stehen?
Das ist eines der Dinge, mit denen ich am Anfang am meisten Schwierigkeiten hatte. Ich hatte immer einen sportlichen Körper, und dann zu sehen, wie er sich verändert... Man verliert Muskeln, der Bauch entspannt sich, man hat das Gefühl, einen dicken Bauch zu haben. Jetzt ist es besser, aber ich würde nicht Stunden damit verbringen, mich vor dem Spiegel zu betrachten.
«J’ai travaillé toute ma vie de sportif pour vivre ce que j’ai vécu cette année.»
«Ich habe mein ganzes Leben als Sportler gearbeitet, um das zu leben, welches ich in diesem Jahr gelebt habe.»
Et le regard des autres, vous le sentez différent?
Je suis quelqu’un qui me fous assez de ça, alors je n’y porte pas trop d’attention. Mes amis et ma famille n’ont pas trop changé leur regard.
Die Art und Weise, wie andere Menschen Sie anschauen, fühlen Sie sich anders?
Ich bin jemand der sich nicht darum kümmert was andere denken, also schenke ich dem nicht allzu viel Aufmerksamkeit. Meine Freunde und meine Familie haben ihre Einstellung nicht allzu sehr geändert
Vous acceptez de vous faire aider?
Quand j’ai vraiment mal au dos, oui. Pour le reste, je n’en ai pas beaucoup besoin. Par exemple, en ville, ma mère veut me pousser. Je lui dis maman, j’ai la chance d’avoir mes bras, autant que je pousse. C’est clair que si je suis en galère, des fois je dis oui. Par principe, j’essaie de faire moi-même, mais je ne veux pas m’infliger des choses juste pour faire seul.
Sind Sie bereit, sich helfen zu lassen?
Wenn mein Rücken wirklich schmerzt, ja. Ansonsten brauche ich nicht viel Hilfe. In der Stadt zum Beispiel will meine Mutter mich schieben. Ich sage ihr, Mama, ich habe Glück, dass ich meine Arme habe, also kann ich genauso gut schieben. Es ist klar, wenn ich in Schwierigkeiten bin, sage ich manchmal ja. Im Prinzip versuche ich, Dinge selbst zu tun, aber ich will mir die Dinge nicht aufbürden, nur um sie alleine zu tun.
Vous avez perdu du poids?
La dernière fois que je me suis pesé, c’était aux États-Unis, avant que je rentre en Californie. J’avais perdu 10 kilos.
Haben Sie abgenommen?
Das letzte Mal, dass ich mich gewogen habe, war in den Vereinigten Staaten, bevor ich nach Kalifornien zurückging. Ich hatte 10 Kilo abgenommen.
Ça vous a fait peur?
J’aurais plus peur si j’en prenais! Je vois mon corps changer, je vois que je perds mes muscles, mais je n’y prête pas trop attention.
Hat es Ihnen Angst gemacht?
Ich hätte mehr Angst, wenn ich zugenommen hätte! Ich kann sehen, wie sich mein Körper verändert, ich kann sehen, dass ich Muskeln verliere, aber ich achte nicht allzu sehr darauf.
Aller régulièrement à Bullet, avoir des exercices à suivre, c’est quelque chose qui fait du bien?
Oui, ça me fait un peu retrouver ma vie d’avant, de sportif. Le fait d’aller là-haut, de travailler, que ce soit dur physiquement. C’est un peu tout ce que j’ai fait toute ma vie, et c’est quelque chose qui me plaît.
Sie gehen regelmäßig nach Bullet um zu trainieren, ist das etwas das sich gut anfühlt?
Ja, das bringt mich zu meinem alten Leben als Sportler zurück. Die Tatsache, dort hinaufzugehen, zu arbeiten, körperlich hart zu trainieren. Es ist ein bisschen wie alles, was ich mein ganzes Leben lang getan habe, und es ist etwas, das mir gefällt.
Quel genre d’exercices y faites-vous?
On travaille beaucoup debout, l’équilibre dans les barres parallèles, et pas mal de mouvements pour le bassin et les muscles alentour car pour les jambes, c’est de là que ça fonctionne. Je fais aussi beaucoup de marche assistée.
Welche Art von Übungen machen Sie dort oben?
Man versucht viel zu Stehen, balanciert auf dem Barren, und viel Bewegung für das Becken und die Muskeln darum herum. Für die Beine ist das der Punkt, an dem sie funktionieren. Ich mache auch viel Power Walking.
Jusqu’où vos progrès peuvent-il vous mener?
C’est impossible à dire. Comme j’ai une lésion incomplète, je peux récupérer, comme je pourrais ne rien avoir. Les sensations ont déjà évolué au-dessous de ma paralysie, mais au toucher, ce n’est et ne sera plus le même feeling.
Wie weit können Sie mit Ihren Fortschritten kommen?
Es ist unmöglich, das zu sagen. Da ich eine unvollständige Läsion habe, kann ich mich erholen, genauso wie als ob ich nie etwas gehabt habe. Die Empfindungen haben sich bereits unter meiner Lähmung entwickelt, aber für den Tastsinn ist und bleibt es nicht dasselbe Gefühl.
Vous avez la sensation de toucher le sol?
Non, du tout. Je dis toujours que j’ai l’impression de voler. Si tu regardes pas tes pieds, tu as le sentiment d’être dans le vide.
Haben Sie das Gefühl, den Boden zu berühren?
Nein, tue ich nicht. Ich sage immer, dass ich mich fühle, als würde ich fliegen. Wenn man nicht auf seine Füße schaut, fühlt man sich wie in einem Vakuum.
L’expérience de Benoît Thévenaz, son parcours, doivent être précieux.
Il m’a appris plein de choses et m’a surtout bien soutenu. Il m’a écrit tous les jours depuis le début. Il m’a aidé à garder le moral, m’a guidé dans toutes ces nouvelles choses. Il voit les progrès que je fais et trouve que c’est vraiment bien. Il sait de quoi il parle. Je dis que c’est un Terminator, depuis les années qu’il travaille, alors qu’il a une lésion complète. Il arrive à être super indépendant en étant tétraplégique. Ça doit être un des seuls comme ça en Suisse.
Die Erfahrung von Benoît Thévenaz, sein Werdegang, muss wertvoll sein.
Er hat mir viel beigebracht und vor allem hat er mich gut unterstützt. Er hat mir von Anfang an jeden Tag geschrieben. Er hat mir geholfen, meine Moral aufrechtzuerhalten, hat mich in all diesen neuen Dingen begleitet. Er sieht die Fortschritte, die ich mache, und findet sie wirklich gut. Er weiß, wovon er spricht. Ich sage, er ist ein Terminator. Er schafft es, super unabhängig zu sein, owohl er quadriplegisch ist. Er muss einer der wenigen dieser Art in der Schweiz sein.
Ce que vous aviez construit aux États-Unis, c’était votre rêve?
J’ai travaillé toute ma vie de sportif pour vivre ce que j’ai vécu cette année. Depuis tout petit, je voulais vivre aux États-Unis. Mon rêve était d’avoir un team, et cette année tout s’était concrétisé. J’avais réussi à avoir un visa pour quatre ans, on avait une belle maison, on m’avait pris dans un team et j’avais obtenu de bons résultats.
Was Sie in den Vereinigten Staaten aufgebaut haben, war Ihr Traum?
Ich habe mein ganzes Leben als Sportler gearbeitet, um das zu leben, was ich in diesem Jahr erlebt habe. Seit meiner Kindheit wollte ich in den Vereinigten Staaten leben. Mein Traum war es, ein Team zu haben, und in diesem Jahr ging alles in Erfüllung. Ich hatte es geschafft, ein Vierjahresvisum zu bekommen, wir hatten ein schönes Haus, ich war in ein Team aufgenommen worden, und ich hatte gute Ergebnisse erzielt.
Et maintenant, quel rêve vous reste-t-il?
C’est difficile de se projeter. Je ne sais pas comment la suite de ma vie sera. Le but est, dans un premier temps, de récupérer le plus possible. Après, on verra. Ça dépendra de ma récupération, de mon corps. Si j’arrive à récupérer la plupart de mes muscles, mes jambes, j’aimerais bien retourner aux États-Unis, rester dans le milieu de la moto. Il y a beaucoup plus d’options pour y travailler. Si je dois rester ici, je ne sais pas exactement ce que je ferai.
Und nun, welchen Traum haben Sie noch?
Es ist schwierig, sich selbst zu projizieren. Ich weiß nicht, wie der Rest meines Lebens aussehen wird. Das Ziel ist in erster Linie, so viel wie möglich zu erholen. Dann werden wir sehen. Es wird von meiner Genesung abhängen, von meinem Körper. Wenn es mir gelingt, den grössten Teil meiner Muskeln, meiner Beine zu erholen, würde ich gerne in die Vereinigten Staaten zurückkehren und im Motocross Mekka leben. Es gibt noch viele weitere Möglichkeiten, an denen ich arbeiten kann. Wenn ich hier bleiben muss, weiss ich nicht genau, was ich tun werde.
Financièrement, les frais, les aides, comment ça se passe?
La situation est assez complexe avec les assurances, vu que mon accident a eu lieu aux États-Unis. Tout prend du temps. Pour l’heure, j’ai juste ma complémentaire qui me verse un salaire tous les mois. Mais ce n’est pas grand-chose. Je dois encore aller faire un diagnostic à Sion, par des médecins spécialisés, pour que je puisse toucher des primes.
Finanziell, Kosten, Unterstützung, wie funktioniert es?
Die Situation mit den Versicherungsgesellschaften ist ziemlich komplex, da sich mein Unfall in den Vereinigten Staaten ereignete. Alles braucht Zeit. Im Moment habe ich nur meine Zusatzversicherung, die mir jeden Monat ein Gehalt zahlt. Aber das ist nicht viel. Ich muss noch nach Sion fahren, um mich von Fachärzten diagnostizieren zu lassen, damit ich die Prämien kassieren kann.
Vous suivez encore la moto?
Oui, je n’ai pas de haine contre le sport ou autre. Je regarde tout le temps, tous les jours. J’ai suivi le supercross directement après mon accident. Ça me fait du bien, c’est ma passion et ça le reste. J’ai toujours du plaisir à regarder. J’étais conscient des risques. Beaucoup de sportifs qui ont eu des accidents comme ça, cela ne leur est pas arrivé dans leur sport. Je pense que c’est encore plus dur à accepter que pour moi.
Fogen Sie immer noch dem Geschen im Motocross
Ja, ich habe keinen Hass auf den Sport oder so. Ich schaue die ganze Zeit zu, jeden Tag. Ich habe Supercross direkt nach meinem Unfall verfolgt. Es gibt mir ein gutes Gefühl, es ist meine Leidenschaft und das bleibt auch so. Ich schaue immer gerne zu. Ich war mir der Risiken bewusst. Vielen Sportlern, die solche Unfälle hatten, sind sehr selten in deren Sportarten. Ich glaube, es ist für sie noch schwieriger, das zu akzeptieren als für mich.
Êtes-vous quelqu’un de patient?
Pas du tout. Là, je progresse, mais je trouve que c’est interminable. Toutes les blessures que j’ai eues, j’ai toujours fait en sorte que ça aille plus vite que la normale. C’est un peu le défaut du crossman, on est un peu tous comme ça.
Sind Sie ein geduldiger Mensch?
Ganz und gar nicht. Ich mache Fortschritte, aber ich stelle fest, dass sie viel Zeit brauchen. Bei all den Verletzungen, die ich hatte, habe ich es immer schneller gemacht als normal. Das ist ein kleiner Makel eines Querulanten, so sind wir alle ein bisschen.
Vous en voulez à quelqu’un, à quelque chose?
Un peu à la vie, parfois. Mais sinon non, à personne. J’ai fait mes propres choix, je ne peux en vouloir à personne.
Hegen Sie einen Groll gegen jemanden oder etwas?
Ein wenig auf das Leben, manchmal. Aber wenn nicht, nein, gegen niemanden. Ich habe meine eigenen Entscheidungen getroffen, ich kann niemanden beschuldigen.
Pourquoi avez-vous accepté de parler publiquement à présent?
Au début, je voulais pas voir grand monde. J’avais besoin de mes amis, d’être un peu posé dans ma vie. Je n’étais pas prêt à raconter tout ça. À force d’être mieux, d’apprendre à vivre comme ça, c’est plus facile de s’exprimer.
Warum haben Sie zugestimmt, jetzt öffentlich zu sprechen?
Zuerst wollte ich nicht viele Leute sehen. Ich brauchte meine Freunde, um mich ein wenig in meinem Leben zurechtzufinden. Ich war noch nicht bereit, all das zu erzählen. Je besser man wird, desto mehr lernt man, so zu leben und desto einfacher ist es sich auszudrücken.
Il vous arrive de rêver du passé, ou alors du futur?
Souvent, oui. La nuit précédente, je me suis vu dans un hôtel, avec les pieds qui rebougeaient. J’ai aussi rêvé plusieurs fois que je marchais dans les barres parallèles.
Träumen Sie manchmal von der Vergangenheit oder von der Zukunft?
Oft, ja. Am Abend zuvor habe ich mich in einem Hotel gesehen, mit geröteten Füßen. Ich träumte auch mehrmals, dass ich zwischen den Barren spazieren ging.
Vous vous revoyez en moto dans ces rêves?
Non, je ne suis qu’au stade de remarcher.
Sehen Sie sich in diesen Träumen auf einem Motorrad?
Nein, ich bin gerade erst wieder im Stadium des Gehens.
Auteur/Autor : Manuel Gremion
La région, le journal du nord vaudois| EDITION N°2843